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Union Générale des
Travailleurs de Côte d'Ivoire
Siege Social
Bourse du Travail de Treichville
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JOURNEE MONDIALE D'ACTION
POUR LE TRAVAIL DECENT
 
Orateur : Monsieur LOBA KIESSEY BARTHELEMY
Directeur de la réglementation du Travail au Ministère
de la Fonction Publique et de l'Emploi.
 
 

Qu’est-ce que le travail décent ?

C’est le Directeur Général du BIT qui, lors de la conférence internationale du Travail, en juin 1999, a présenté le concept du travail décent dans les termes suivants : « Le but fondamental de l’OIT aujourd’hui est de promouvoir l’accès des hommes et des femmes à un travail décent et productif, dans les conditions de liberté, d’équipe, de sécurité et de dignité humaine »
Dans les travaux et débats de l’OIT depuis cette date, il est apparu que le travail décent comprend six (06) dimensions :

  • La possibilité de travailler
  • Le travail productif
  • La liberté au travail
  • L’égalité au travail
  • La sécurité au travail et
  • La dignité au travail

Ces dimensions reposent sur les quatre (04) composantes suivantes :

  • l’emploi
  • la protection sociale
  • les droits des travailleurs et
  • le dialogue social

Une chose est claire : la réalisation du travail décent pour tous subit l’influence de la structure économique et du marché du travail de chaque pays. Dans la pratique de l’Etat ivoirien, les préoccupations et composantes du travail décent ont-elles toujours été au cœur des questions du travail ? En d’autres termes, quelle est la situation du travail décent en Côte d’Ivoire, pays en guerre, pays à économie sous-développée, caractérisée par :

  • la prépondérance de l’économie informelle
  • la proportion élevée de la main-d’œuvre dans l’agriculture
  • la pauvreté absolue très répandue
  • le faible niveau des dépenses de sécurité sociale
  • le faible taux de syndicalisation

I – L’EMPLOI DECENT

1 : Eléments de l’emploi décent

Les diverses formes d’emploi que nous connaissons ne constituent pas toujours de l’emploi décent. L’emploi décent, c’est celui qui garantit aux travailleurs un travail adéquat et des emplois. Il faut qu’ils soient de qualité acceptable.

Le 1er élément : Les possibilités de travail

Dans un Etat à économie de marché, la possibilité de travail est plutôt offerte par le secteur privé. Cependant, dans les économies sous-développées comme celle de notre pays, l’Etat intervient également dans la fourniture du travail car le chômage est un sujet de préoccupation très important.
Pour qu’un individu puisse obtenir un travail décent, il faut la présence de deux (02) éléments importants : qu’il y ait une offre de travail et que celui-ci soit librement choisi.
Le premier élément concerne donc l’existence de possibilités d’emploi pour tous ceux qui sont disponibles et qui cherchent un emploi. La question se pose de savoir si avec la guerre que nous vivons, les possibilités d’emploi tant dans le secteur privé que dans la fonction publique n’ont pas tendance à diminuer ? En tout état de cause, la somme des initiatives en matière de possibilités d’offres d’emploi n’est pas nulle : le secteur privé offre des emplois, tout comme le secteur public : d’AGEPE, à travers le programme THIMO et d’autres programmes encoure, le Ministère de la Fonction Publique et de l’Emploi avec PRODIGE, les nombreux et différents concours d’entré à la Fonction Publique…
Deuxièmement, il faut que le travail offert soit librement choisi et non pas imposé aux individus.

Le deuxième : le travail productif : rémunérateur

Nous travaillons ou cherchons à travailler pour gagner de l’argent. Le niveau de rémunération devrait être suffisant pour nous garantir les moyens d’existence ou de niveau de vie acceptable. Tous les travailleurs devraient pouvoir obtenir un « salaire vital », c’est-à-dire un salaire de subsistance, un salaire suffisant pour nous procurer les produits de premières nécessités minimums essentiels pour un niveau de vie acceptable. C’est pourquoi, il faut saluer et encourager les discussions en cours entre les partenaires sociaux à l’effet de la revalorisation du SMIG. Nul doute que les discussions sur les salaires minima catégoriels emboîteront le pas à celles –ci. Dans le même ordre d’idées, il faut féliciter les actions du Gouvernement relatives à l’octroi et aux augmentations de primes et indemnités dans certains secteurs d’activités et demander une revalorisation générales des traitements et salaires de sa gents et fonctionnaires de l’Etat.

Le troisième élément : les conditions de travail

Les conditions décentes de travail englobent :

  • l’équité de traitement dans l’emploi
  • la capacité de conjuguer le travail et la vie de famille
  • la stabilité et la sécurité du travail
  • la santé et la sécurité au travail
  • L’équité de traitement dans l’emploi

C’est la suppression de la segmentation du marché du travail en fonction du sexe, de la race, de la religion… C’est également la suppression de la ségrégation professionnelle liée à des taux de salaire inférieurs pour les femmes ou aux possibilités d’avancement ou d’éducation. Il peut  exister également un traitement différencié en fonction de la race, de l’identité ethnique, de la religion ou de la classe sociale. L’égalité de chances au travail et l’égalité de rémunération pour un travail de valeur égale sont des éléments essentiels de l’emploi décent.

  • Conjuguer le travail et la vie de famille (équilibre entre le travail et la famille)

L’emploi décent est aussi celui qui trouve non seulement un équilibre entre le travail et la famille mais inclut également le droit de tous les individus qui travaillent d’avoir un temps de loisir adéquat.
C’est également un problème d’équité entre les sexes quand les femmes ne sont pas obligées de choisir entre l’emploi qu’elles exercent et leurs charges familiales. C’est donc demander la création des crèches publiques et dans les entreprises, encourager des pratiques favorables aux familles par exemple en autorisant la flexibilité des  horaires de travail, ne pas pouvoir procéder à des licenciements en raison des responsabilités familiales, protéger l’emploi des femmes pendant leur congé de maternité.

  • Stabilité et sécurité au travail

La sécurité de l’emploi est un autre aspect important du travail décent. La menace ou la peur de perdre son emploi ou d’être licencié est stressante, et la perte effective de l’emploi comporte des coûts économiques qui vont au-delà de la perte du salaire.

  • Santé et sécurité au travail

Tout travail comporte un certain nombre de risques, à divers degrés et en un grand nombre de formes.
Qui dit emploi décent dit sécurité et santé au travail donc, garantie de conditions qui préservent et favorisent le bien-être physique et émotionnel des travailleurs. Car des conditions de travail saines et sûres sont dans l’intérêt des partenaires sociaux et de l’Etat. Au niveau du Gouvernement ivoirien, la Direction de la Santé et de la Sécurité au Travail du Ministère de la Fonction Publique et de l’Emploi veille, au quotidien, sur la santé et la sécurité des travailleurs.

II – PROTECTION SOCIALE ET TRAVAIL DECENT

En général, la protection sociale désigne les dispositions que prend la société pour répondre aux besoins fondamentaux de ses membres en matière de subsistance et aux i impondérables auxquels ils sont confrontés.
Du point de bue des relations professionnelles, la protection sociale comprend les soins médicaux, les indemnités de maladies, les prestations de vieillesse y compris les pensions, les prestations de chômage, les prestations en cas de lésions professionnelles, les prestations aux familles des travailleurs, les prestations d’invalidité et les prestations de survivant.
En Côte d’Ivoire, la CNPS et l’AGEPE couvrent l’ensemble de ces besoins sociaux. A ce niveau, il faut saluer l’action de la CNPS qui, dans la perspective annoncée d’une reforme plus profonde, vient d’étendre, de 45 à 48, le nombre de tableaux de maladies professionnelles indemnisables en Côte d’Ivoire.

III – DROITS DES TRAVAILLEURS

Le respect des droits des travailleurs, ou des droits au travail, est l’une des quatre composantes du travail décent. Le travail décent est donc celui qui garantit aux travailleurs l’exercice et la protection de leurs droits, entendus des droits de la personne, des droits sociaux, des droits substantiels, des droits procéduraux…ainsi que les principes et normes concernant le travail.
Les normes internationales prises en cette matière traitent de trois questions particulièrement importantes pour l’homme au travail :

  • le travail forcé et le travail des enfants
  • la discrimination au travail
  • la liberté syndicales et la négociation collective

Les domaines du travail forcé, de la discrimination au travail et de la liberté syndicale et la négociation collective n’appellent de ma part d’observations particulières. Cependant, il convient ici de saluer l’effort du Gouvernement ivoirien dans la lutte contre le travail des enfants. En effet, le travail décent doit être acceptable pour la société. Il existe deux formes de travail qui sont considérées comme universellement inacceptables : le travail forcé et le travail des enfants. C’est pourquoi et en conséquence de la ratification des conventions pertinentes de l’OIT sur le travail des enfants, la Côte d’Ivoire, avec l’aide de ses partenaires au développement, des institutions internationales et des ONG internationales et locales de protection de l’enfance, a entrepris, depuis quelques années déjà, de mener une lutte sans merci contre le travail des enfants. Les actions menées sont nombreuses. Elles sont tant institutionnelles (ratification des conventions fondamentales de l’OIT en la matière, adoption d’un plan d’action de lutte contre la traite et les pires formes de travail des enfants d’un montant de plus de trois milliards pour le retrait, le rapatriement et la réinsertion des enfants victimes, adoption d’un avant projet de loi sur le travail des enfants) que structurelles (création de comités villageois, sous préfectoraux et départementaux de lutte contre le travail des enfants, création d’un sous direction spéciale au Ministère en charge du travail pour la lutte contre ce phénomène…)

IV – LE DIALOGUE SOCIAL POUR LE TRAVAIL DECENT

Dans le contexte du travail décent, le dialogue social prend toutes les formes d’échange d’information et de négociation entre les représentants du Gouvernement, des employeurs et des travailleurs sur les questions qui présentent un intérêt commun relatives à la politique économique et sociale. C’est un moyen de favoriser les possibilités d’obtenir un travail décent et productif dans les conditions de liberté, d’égalité, de sécurité et de dignité humaine. Instrument de bonne gouvernance, le dialogue social peut contribuer à la fois à améliorer la performance et la compétitivité économique et à rendre la société plus stable et plus équitable.
Le dialogue social est un élément essentiel pour promouvoir le travail décent. C’est par le dialogue social que la relation d’emploi et les conditions d’emploi peuvent être déterminées et améliorées. A un niveau plus général, le dialogue social plus efficace peut aussi porter sur la politique sociale et économique dans un cadre de coopération.
C’est pour avoir compris toute l’importance du dialogue social dans le développement du pays que le Gouvernement ivoirien, en accord avec les partenaires sociaux, vient d’élargir le champ déjà vaste des institutions de dialogue social. A côté de celles très importantes déjà existantes (la CCT, la représentation sociales dans les entreprises, le CES dans certaines mesures), l’institution du Conseil National du Travail (NT) qui par ses missions, apparaît comme l’un des organes majeurs de promotion de dialogue social.

En conclusion, il faut retenir que le concept de travail décent de l’OIT est à la fois un but important en soi et un instrument de développement et de réduction de la pauvreté. Il n’est pas la panache, contrairement à ce qui se dit dans les milieux des pays sous développés, des seuls pays riches qui ont atteint le plein emploi et qui cherchent à améliorer la qualité du travail mais aussi un devoir pour les pays pauvres qui, tout en cherchant du travail à leurs populations, doivent également rechercher la qualité. Il faut donc que ce concept soit largement diffusé, compris et débattu. C’est comme cela qu’il inspirera de plus en plus la politique publique aux niveaux national et  international. C’est pourquoi, je salue l’initiative de l’UGTCI qui nous réunit ce matin

 

 
 
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